la Démarche Diagnostique après une Chute

Cet article se propose de vous présentez la Démarche Diagnostique après une Chute chez la Personne Âgée

Introduction:

Les chutes chez les séniors représentent une problématique majeure de santé publique. Chaque année, un grand nombre de seniors sont hospitalisés en raison de chutes, ce qui peut entraîner des conséquences graves, allant de la perte d’autonomie à la mortalité.
La démarche diagnostique après une chute est cruciale pour identifier les causes sous-jacentes et mettre en place des stratégies de prévention adaptées.
Examinons d’abord les bases physiologiques de l’équilibre et de la marche, puis explorons les étapes du diagnostic après une chute.

I. Rappel Physiologique:

1. Détermination de la Fonction d’Équilibre et de Marche:

L’équilibre et la marche sont des fonctions complexes qui dépendent de l’intégrité de plusieurs systèmes corporels : le système musculo-squelettique, le système nerveux central et périphérique, ainsi que le système sensoriel (vision, proprioception, oreille interne). L’équilibre repose sur la capacité du corps à maintenir son centre de gravité au-dessus de sa base de sustentation, ce qui nécessite une coordination fine entre les muscles et les articulations, guidée par des signaux sensoriels précis.
La marche, quant à elle, est un processus dynamique qui implique une succession de phases où le corps est tantôt en appui sur un pied, tantôt en déséquilibre sur les deux pieds. La coordination des mouvements, l’amplitude articulaire, la force musculaire et la stabilité posturale sont essentielles pour assurer une marche fluide et sécurisée.

2. Description de la Marche:

La marche se divise en deux phases principales : la phase d’appui, où le pied est en contact avec le sol, et la phase d’oscillation, où le pied est en mouvement pour passer d’une position à l’autre. Une marche normale se caractérise par un rythme régulier, une amplitude de mouvement adéquate, et une coordination des membres supérieurs et inférieurs. Les bras se balancent naturellement en opposition aux jambes, stabilisant ainsi le tronc.
La marche d’une personne en bonne santé est symétrique et fluide, avec un cycle de marche stable qui ne nécessite pas de compensation notable de la part du corps.

3. Modifications Liées à l’Âge:

Avec l’âge, plusieurs changements physiologiques peuvent affecter l’équilibre et la marche. On observe une diminution de la force musculaire, en particulier au niveau des membres inférieurs, ainsi qu’une réduction de l’amplitude articulaire, notamment aux hanches et aux genoux. Ces altérations contribuent à une démarche plus lente et moins stable.
De plus, la diminution des capacités sensorielles, telles que la vision ou la proprioception (la capacité à percevoir la position des membres dans l’espace), perturbe l’équilibre. Le vieillissement du système nerveux central peut également affecter la coordination des mouvements. Ainsi, les personnes âgées adoptent souvent une démarche précautionneuse, avec des pas plus courts et un élargissement de la base de sustentation pour compenser les pertes d’équilibre.

II. Démarche Diagnostique après une Chute:

1. Les Facteurs de Risque de Chutes:

Les facteurs de risque de chute chez la personne âgée sont nombreux et peuvent être classés en deux grandes catégories : les facteurs intrinsèques et extrinsèques.

  • Facteurs intrinsèques : Ce sont des facteurs liés à l’état de santé général de la personne. Il peut s’agir de troubles de l’équilibre, de maladies chroniques (comme l’arthrose, la maladie de Parkinson ou les AVC), de la prise de certains médicaments (notamment les psychotropes), ou encore de déficiences sensorielles comme la cataracte. Les troubles cognitifs, tels que la démence, augmentent également le risque de chute en raison de la désorientation et des problèmes de jugement spatial.
  • Facteurs extrinsèques : Ils concernent l’environnement dans lequel évolue la personne âgée. Les sols glissants, l’absence de barres d’appui, un mauvais éclairage, ou encore le port de chaussures inadéquates sont des exemples de facteurs extrinsèques pouvant précipiter une chute.
  • 2. Les Facteurs Précipitants:

    Outre les facteurs de risque de chute à long terme, certains événements ou conditions peuvent précipiter une chute de manière plus immédiate. Parmi les facteurs précipitants, on retrouve :

  • Des malaises aigus : Une hypotension orthostatique (baisse de la tension artérielle lors du passage de la position allongée à la position debout), une hypoglycémie ou encore une crise cardiaque peuvent provoquer une chute brutale.
  • Une perte d’équilibre : Celle-ci peut être due à une faiblesse musculaire soudaine, un vertige ou un trouble de la marche.
  • Une prise médicamenteuse inappropriée : Certains médicaments peuvent altérer la vigilance ou provoquer des baisses de tension, augmentant ainsi le risque de chute.
  • 3. Examen Clinique du Sujet Âgé après une Chute:

    L’examen clinique après une chute doit être complet et méthodique pour identifier toutes les causes possibles. Il se déroule en plusieurs étapes :

  • Anamnèse : Recueillir les circonstances exactes de la chute (où, quand, comment), les antécédents médicaux et médicamenteux, ainsi que les symptômes avant et après la chute (perte de conscience, vertiges, douleurs, etc.).
  • Examen physique : Évaluer les signes vitaux, l’état général, et procéder à un examen ciblé en fonction des symptômes décrits. L’examen neurologique est crucial pour détecter toute anomalie sensorielle ou motrice. L’examen musculo-squelettique permet de repérer d’éventuelles fractures, contusions ou hématomes.
  • Évaluation de la marche et de l’équilibre : Des tests spécifiques, comme le « Timed Up and Go » ou le test de Romberg, peuvent être utilisés pour évaluer la stabilité posturale et la capacité de marche du patient.
  • Bilan complémentaire : En fonction des résultats de l’examen clinique, des examens complémentaires (radiographies, analyses sanguines, électrocardiogramme) peuvent être réalisés pour affiner le diagnostic. Par exemple, en cas de suspicion de fracture ou de problème cardiaque sous-jacent, ces examens permettent de confirmer le diagnostic et de guider la prise en charge.
  • Conclusion:

    La démarche diagnostique après une chute chez la personne âgée est essentielle pour prévenir de nouvelles chutes et limiter les conséquences graves, telles que la perte d’autonomie ou les complications médicales. Un bilan complet, prenant en compte à la fois les facteurs de risque, les événements précipitants et l’examen clinique approfondi, permet d’identifier les causes multiples des chutes et de mettre en place des mesures adaptées pour réduire le risque futur.

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